Mes enfants portent le masque à l’école. Je salue leur capacité à avancer dans ce contexte. Bon, la grande a 7 de moyenne en sciences… on peut quand même se questionner sur les conséquences du port du masque sur la concentration, mais c’est un autre débat ! De mon côté, tous mes contrats sont annulés. Je peux officiellement porter mes pantoufles 24h sur 24. Mes sorties se résument au supermarché, une fois par semaine, le volume de la radio à fond, maquillée et habillée avec soin, sans oublier mon attestation remplie de ma plus belle écriture (des fois que j’aurais la chance de discuter avec un gendarme !). Je choisis avec attention des douceurs pour chacun, je prends la queue la plus longue et je bavarde avec la caissière comme si c’était une amie proche. À la maison, au quotidien, des failles de tristesse, des abysses de découragement s’ouvrent sous mes pieds. Je les enjambe comme je peux. Quand mes enfants rentrent de l’école, c’est moi qui porte le masque : je tiens, je souris, je m’intéresse à elles, mais honnêtement, je porte un masque. Dessous, ça craque. J’adore ma famille, mais l’équilibre avec l’extérieur me manque. J’ai besoin de liens, de brassage, de fêtes, d’envies, de sens, d’action ! Et quand je parle d’action, je ne parle pas de répondre à dix-huit mails, de me connecter à une 3e réunion en visio ou de vider la lessive… J’ai peur de cette vie masquée, dans les deux sens du terme.

 


Cet article fait partie du numéro 199 (→ Acheter)
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