C’est le matin, la fin de l’été, le soleil, la vie en couple, et nos enfants étudiants loin de nous. C’est le matin et nos amis débarquent à l’improviste – un appel de politesse : « On arrive. » Ceux qui débarquent, ce sont surtout Abel et Romeo, 8 mois, deux bouilles toutes rondes : ils sont jumeaux et nous, leurs parrain et marraine. Ce que l’on retrouve avec eux, réminiscence d’une expérience passée : les corps tout en bourrelets vraiment à croquer, ces corps qui tiennent à peine assis sur le tapis, et hop, culbuto ! Les mains qui vagabondent et accrochent tout, les cris sauvages, la couche à remettre, gesticulation garantie, puis la promenade dans le sac de portage et eux qui s’endorment sur nos torses : que c’est bon !

C’est qu’on avait perdu le fil. Celui qui nous lie au tout-petit : se relier à un bébé et lui offrir quoi ? Pas grand-chose. Allez, on le dit : une présence aimante. Mais ici, ce lien avec nos filleuls nous est simplement proposé et nous sommes libres de le faire vivre. On nous a confié une fonction, il nous revient d’en faire une mission, un jeu et même le lieu d’une aventure. Cette relation, on va pouvoir l’inventer et la nourrir : leur offrir des morceaux de temps, les embarquer dans nos virées, apprendre à les connaître, leurs besoins, leurs peurs, leurs rêves…, créer avec eux ce qu’il faut de complicité et leur proposer un jour ce qu’il faut de soutien parce que la vie…. Oui, bientôt ils auront 17 ans. Ce sera l’année du bac, le jour de la rentrée. Nous, je nous espère vifs, alertes, un peu foutraques, pour leur laisser à chacun le petit sms qui va bien : « On est avec vous les gars, on vous aime, tenez bon ! »

 

 

 


Cet article fait partie du numéro 198 (→ Acheter)
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