Ça y est, nous avons donné le siège auto, dernier vestige de la petite enfance. Le siège vélo a disparu depuis un moment, les petites roues aussi… Maintenant, nos grandes filles roulent devant et je peine parfois à suivre. Elles savent se garder seules quelques heures (en écoutant de la musique fort) et cuisiner des choses simples (en laissant la cuisine à la Jackson Pollock version sauce tomate). N’empêche, c’est bon, cette autonomie !

Avant, je soufflais sur les bobos, maintenant ce sont elles qui soufflent (surtout pour vider le lave-vaisselle). La crise du « Non ! Tout seul ! » à 2 ans m’avait un peu préparée à la crise d’ado : « T’inquiète, je gère (sous-entendu « dégage »). » Quand les nuits étaient hachées, que les matins d’école étaient faits de pleurs, qu’elles ne voulaient surtout pas aller au périscolaire, j’avais l’impression qu’il n’y aurait pas de fin à ça : être « le centre ». Maintenant, je dors le matin, je mange chaud et seule sur ma chaise et je me lis une histoire à moi-même avant de dormir : c’est une nouvelle étape, je deviens « l’à-côté ». J’adore ça et en même temps, je suis en deuil. En deuil de l’odeur sucrée de la peau douce, des câlins spontanés, des roulades dans le lit… Je veux inventer de nouvelles sources de douceur entre nous.

 

 


Cet article fait partie du numéro 198 (→ Acheter)
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