J’étais convaincue que ça n’existait pas en moi, que je n’avais pas de visées pour ma fille… Que, moi, j’étais libre de ça. Et là, bam ! Je sors de la réunion parents-profs du collège et je viens de prendre conscience qu’en fait, j’ai des plans pour elle. Des ambitions plus ou moins conscientes, plus ou moins élaborées pour ses études et pour sa vie. Zut ! Hélas, elle a des défauts et elle n’est pas conforme à mes exigences et aux attentes de ses profs. Gloups ! Une part de moi (tyrannique, avec son fouet !) crie à l’intérieur :
« Je vais lui apprendre la rigueur à cette gamine ! Samedi-dimanche, 7 heures, aux devoirs ! Elle doit rentrer dans le moule ! Elle doit TOUT réussir ! Et moi aussi je dois TOUT réussir, y compris elle ! »
Une autre part de moi (qui médite et qui est capable d’aller à la piscine sans être épilée) aimerait se défaire doucement des projets que j’ai pour ma fille. Cette part de moi aimerait poser un regard libre de contraintes. Me laisser surprendre par ses idées, cultiver un intérêt réel pour qui elle est, une forme de curiosité ouverte. La soutenir sans choisir pour elle, sans faire peser sur elle les attentes des profs, de la famille, sans mes propres attentes. La laisser devenir qui elle est vraiment et l’aimer telle quelle. Plus encore, me laisser transformer par elle et apprendre d’elle. Pas simple de réunir ces parts de moi si éloignées. En espérant que ma fille préfère, elle aussi, la vie sans rasoir et sans fouet.
Oh zut ! J’avais dit aucune attente…
Cet article fait partie du numéro 196 (→ Acheter)
abonnez-vous au magazine imprimé !