Le documentaire À la vie est une réussite. Avec finesse et justesse, il met un coup de projecteur sur le métier de sage-femme, à travers la figure de l’une d’entre elles, Chantal Birman. Son regard rejoint notre ligne éditoriale.

La réalisatrice Aude Papin a eu la très bonne idée de suivre, caméra à l’épaule, le quotidien de la sage-femme Chantal Birman. Cette militante a toujours défendu les libertés des femmes et le métier de sage-femme. Elle a un franc-parler, beaucoup d’expérience et de l’humour, trois ingrédients qui font d’elle une femme qu’on écoute. Son livre Au monde, ce qu’accoucher veut dire (2003) nous avait profondément marquées, à la rédaction.

Une femme au chevet des femmes

Dans À la vie, Chantal Birman est en fin de carrière. Elle rend visite aux jeunes mères tout juste rentrées chez elles de la maternité. Ce sont des moments où elles sont très fragiles. Des moments où leur confiance est mise à l’épreuve. L’une a des difficultés pour mettre son bébé au sein, une autre ne dort pas, elle veille, inquiète que son nourrisson ne se réveille pas. Une autre jeune mère avoue ne pas réussir à rentrer en contact avec son bébé au bout de quatre jours. Ces femmes sont fatiguées, à bout, isolées, mal dans leur corps. Malgré leur joie profonde d’être mère, dans la plupart des cas, les femmes pleurent, dans ce film. C’est bien ça, la réalité. Et on est heureux de voir une sage-femme solide aux côtés de ces femmes, capable de les écouter sans les juger, et de les rassurer. On touche du doigt le rôle essentiel de la sage-femme : connaître la femme qui devient mère, connaître les bébés et leurs compétences. Comme le dit Chantal Birman à sa stagiaire dans le film :

« La sage-femme montre le chemin pour que les jeunes mères trouvent en elles leur façon de répondre aux mieux aux besoins de leur bébé. »

Un film qui défend les sages-femmes

Le documentaire À la vie dresse également avec force le constat de la réalité du métier de sage-femme : leur manque de reconnaissance et  l’impossibilité d’accompagner les futures et jeunes mères en toute sécurité, puisqu’on leur demande d’être rentables, puisqu’elles ne sont pas assez nombreuses pour le nombre d’accouchements. On entend leur frustration de ne pas pouvoir répondre aux souhaits et aux besoins des femmes et notamment d’accoucher sans péridurale. Dans A la vie, les sages-femmes pleurent aussi parce qu’on réduit leur métier à des gestes techniques. Parce que dans les maternités, on veut faire des économies et on oublie l’essentiel.

 

[LYON. SOIRÉE DEBAT] Elisabeth Martineau animera un temps d’échange après la projection du film, en partenariat avec l’association Maman Blues et La Cause des Parents. Rendez-vous le 26 novembre à 19h30 à l’UGC Confluence, Lyon. Cliquez ICI

  • Lisez notre article de L’Enfant et la vie sur les multiples facettes du métier de sage-femme : Sages-femmes, au-delà de la salle d’accouchement, dans notre n° 197.
  • Ne manquez pas notre série Grossesse, accouchement, naissance : quelles libertés pour les femmes ? Premier volet dans le prochain numéro (n°203)
  • Écoutez la chronique d’Elisabeth Martineau, rédactrice en chef, au sujet de À la vie dans l’émission Tout Doux de Vincent Belotti sur RCF ici.
  • Consultez la présentation du film ici, par la société de production Tandem.