Les dangers des écrans pour les enfants, pour les adolescents, on en parle souvent ! Mais pour les parents, les mamans ? Qui dénonce les ravages d’Instagram sur les mères épuisées, qui ? Qui fait la chasse aux hashtags dévastateurs, aux « Insta-mums » photogéniques, aux jeunes papas qui prennent la pose ? Pourtant, « Insta », c’est pas la vraie vie. Les parents bien coiffés, en camaïeux de couleurs claires, radieux, leurs enfants dans les bras, c’est pas la vraie vie. Les petits plats préparés dans une cuisine design nickel, la chambre d’enfant façon appartement-témoin, c’est pas la vraie vie.
Cette image culpabilise ceux, et surtout celles, qui n’y arrivent pas. Forcément, puisque c’est pas la vraie vie ! Car les moments où on s’effondre en larmes dans un salon en foutoir, ceux où on court tout échevelée jusqu’à la crèche, ceux où on hurle de fatigue – « tu vas dormir, oui ? » – ces moments-là, tout le monde les vit, mais personne ne les prend en photo.
Sur les réseaux sociaux, la parentalité est idéalisée, mise en scène, monétisée parfois. Les plus actifs y sont ceux qui n’ont qu’un enfant, de préférence de moins de 18 mois. Ils influencent, parfois sans qu’on en ait conscience, notre regard sur notre façon d’être maman ou papa. À tel point qu’on va jusqu’à solliciter leurs avis. Mon bébé ne dort pas, que faire ? J’ai envie d’arrêter d’allaiter, qu’en pensez-vous ? Mon fils se roule par terre en hurlant, je réagis comment ?
Stop ! Comment en est-on arrivé à se fier davantage à un ou une inconnue que l’on suit sur « Insta » qu’à un médecin, une sage-femme, un psychologue, ou à des amis… ? À suivre les conseils de quelqu’un qui ne connaît ni notre enfant, ni notre contexte familial, notre passé, notre vécu ? Comment a-t-on pu oublier le chemin de la PMI, du square, du café même, pour privilégier la froideur d’un écran ?
Être parent, c’est une aventure beaucoup trop subtile pour se contenter d’une liste de hashtags ou d’une série de commentaires qui nous isolent, nous coupent de notre bon sens et nous font confondre théorie et pratique. Être parent, c’est privilégier les relations, celles qui se nouent autour d’une tasse, d’une conversation, d’un regard, d’un fou rire, d’une main sur l’épaule. C’est refuser de penser soit en noir, soit en blanc, mais s’engager dans une zone grise, inconfortable, où il n’y a pas qu’une seule vérité, qu’une seule solution, qu’une seule méthode. C’est accepter la vraie vie !

Cet article fait partie du numéro 203 (→ Acheter)
abonnez-vous au magazine imprimé !