« Je ne parle que quand c’est nécessaire », disait Greta Thunberg, 15 ans, lors de sa conférence TEDx en novembre 2018.
Il y a un an à peine, on entendait parler pour la première fois de cette adolescente suédoise, tellement indignée par l’inaction face au changement climatique qu’elle lançait ses grèves de l’école en faveur du climat. Depuis, son mouvement a pris de l’ampleur, devenant « Fridays For Future » (les vendredis de l’avenir).
Entre–temps, elle a pris la parole au forum de Davos, à Londres devant le Parlement britannique, à l’Assemblée nationale à Paris. Elle est attendue au Sommet mondial pour le Climat ce mois-ci. Chaque fois, elle met les adultes face à leurs contradictions : « Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous volez leur avenir devant leurs yeux. »
Hormis son jeune âge, ce qui touche autant chez Greta, c’est l’urgence de sa parole, ancrée dans une souffrance authentique. À l’âge de huit ans, les images d’ours polaires affamés et d’océans remplis de plastique la bouleversent. À onze ans, elle tombe en dépression, cesse de manger et de parler. Elle est diagnostiquée autiste Asperger, avec un trouble obsessionnel compulsif, et mutique sélective. Mais, petit à petit, la jeune fille introvertie, jusqu’alors « invisible » à l’école, comprend que, pour que ça change et pour trouver un sens à sa vie, il faut sortir de l’ombre, et parler.
Et sa parole, sincère, urgente, impérieuse sur la scène publique, est la preuve de deux choses. La première : ce n’est pas parce qu’on est adolescent qu’on n’a ni pouvoir ni voix au chapitre – même si ça dérange beaucoup d’adultes « responsables ». La seconde : parler, c’est agir. Une prise de parole peut changer le cours des choses. Dans le cercle familial, scolaire, local, mais aussi à grande échelle, en pesant sur les consciences, en mettant les gens en mouvement.
Savoir parler, oser le faire, maîtriser son expression orale… notre dossier est consacré à la prise de parole à l’oral, tant cela nous semble essentiel. Tant il nous semble aussi que la France est un peu à la traîne pour former ses enfants sur ce plan. Qu’en dites-vous ?
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Cet article fait partie du numéro 194 (→ Acheter)
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