« Une fessée ? Allons donc, ça n’a jamais fait de mal à personne ! » Si ! Une fessée, tout comme une humiliation verbale, des injures, une oreille tirée, ça fait du mal, ça laisse des traces – et pas seulement des rougeurs sur la peau ou des larmes sur une joue. C’est un projet de loi qui le dit, article 371-1 du Code civil : l’exercice de l’autorité parentale exclut « tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles ». Nous ne pouvons qu’appeler de nos vœux l’adoption définitive de cette « loi sur la fessée », ainsi qu’elle a été rebaptisée par un raccourci un peu rapide.
Inscrire cela dans le Code civil, c’est une façon de rappeler que d’autres modes d’éducation sont possibles et souhaitables. il s’agit avant tout de créer une prise de conscience dans l’espoir de modifier les comportements.
Aucune sanction n’est d’ailleurs prévue, le code pénal encadrant déjà les violences faites aux mineurs.
Les associations qui militent contre la violence éducative ordinaire listent trois raisons pour lesquelles les parents se laisseraient aller à violenter leurs enfants : l’idée que cela aurait des vertus éducatives ; la reproduction de ce qu’ils ont vécu dans leur propre enfance ; une méconnaissance des besoins de l’enfant et des conséquences néfastes de la violence verbale, psychologique ou physique sur leur développement.
Tout cela est juste. Mais il me semble que ces raisons occultent la cause principale : l’épuisement des parents. Trop souvent, à bout de nerfs et de fatigue, ils sont sans recours ni soutien.
Nous consacrons notre dossier au « burn-out maternel », qui est une manifestation de l’épuisement parental. Vous pourrez y lire des témoignages de mères à bout qui avouent avoir parfois levé la main sur leurs enfants, alors même qu’elles connaissent l’inefficacité et les effets négatifs de la violence éducative.
Cette « loi sur la fessée » est certes bel et bien une avancée. Mais s’en contenter serait malhonnête. Le soutien à la parentalité devrait lui aussi être une priorité du ministère des familles : être parent, ça s’apprend !
Pour que la prise de conscience amorcée par cette loi soit suivie d’effets, il faut aussi faire connaître d’autres façons de faire, appuyer et développer les réseaux d’aide à la parentalité, diffuser des outils et des connaissances comme nous nous y efforçons dans chacun de nos numéros… Pour protéger les enfants, soutenons les parents !