Je ne sais pas exactement comment ça se passe dans les rédactions des « vrais » groupes de presse. Ceux où les numéros parus sont évalués « post-mortem » (c’est comme ça qu’on dit), le nez sur des « tableaux de bord » indiquant l’évolution du recrutement des abonnés, du « taux de réab’», de la diffusion, des retours. À L’Enfant et la vie, bon gré mal gré, nos critères d’évaluation sont ailleurs 

Ainsi, nous considérons qu’un numéro est réussi si sa réalisation a occasionné des rencontres enrichissantes, des découvertes, des remises en question, des discussions, des débats. Bref, si on s’est senti plus intelligent après l’avoir terminé. Autant de données difficiles à comptabiliser dans une courbe statistique.  

Surtout si on ajoute le critère auquel est particulièrement attachée Elisabeth, la rédactrice en chef : « Au moins un fou rire par numéro ! » Cette suggestion avait surpris mon esprit cartésien. Mais il est vrai qu’un bon fou rire donne une belle énergie qui se ressent à coup sûr dans les pages. L’humour permet aussi d’oublier que parfois, oui, on souffre de ne pas avoir des chiffres de vente nécessitant des tableaux de bord sophistiqués*. Façon « on n’est pas cher payés, mais qu’est-ce qu’on rigole ! » Aucun numéro n’en a été épargné. Je soupçonne même Élisabeth de chercher à provoquer les fou rires – ne s’est-elle pas inscrite récemment à un cours de clown ? Entre ses poules neurasthéniques, sa chienne bondissante, ses chatons mangeurs de câbles téléphoniques, et ses filles adolescentes, la rédaction va de surprises en surprises. Depuis des années, je l’incite à user de son talent de conteuse pour mettre tout cela par écrit. Elle hésite, elle tergiverse. Mais finira peut-être par le faire. Incognito**.  

*Pour cela, rendez-vous page 31.
**C’est en page 26 !


Cet article fait partie du numéro 201 (→ Acheter)
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