L’adolescence, vous connaissez ? Je la vis comme une série de tempêtes après une période d’accalmie où mes enfants étaient suffisamment grandes pour jouer seules, s’habiller seules, s’essuyer les fesses seules. J’ai cru que le tour était joué, que nous avions élevé nos filles avec tant de bienveillance, avec tant de compréhension de leurs besoins fondamentaux, que l’adolescence allait passer « comme une lettre à la poste », comme un accouchement « sans » douleur tellement j’avais bien préparé mon périnée et suivi mes séances de cohérence cardiaque. On avait fait deux ateliers avec Aletha Solter herself et fondé une association de soutien à la parentalité, quand même ! 

J’y croyais, j’y croyais fort. Et puis, un matin, je me suis réveillée. Elles, mes deux plus grandes, n’étaient plus les mêmes. Elles tendaient vers l’autonomie – super – mais un peu trop à mon goût. Elles voulaient faire des choses que j’avais un mal fou à autoriser. Et est-ce qu’il fallait les autoriser ? Me voilà repartie à me poser des tas de questions sur l’éducation… Ça s’arrête quand, dis ? J’ai senti que moi non plus, je n’étais plus la même. Dans le doute, je me suis regardée dans la glace. C’était bien ça. J’étais verte, des cornes sortaient de ma tête et de la fumée de mes oreilles. Je n’étais plus la maman – « Tu veux marcher pieds nus sur le goudron ? Mais bien sûr ma chérie, fais ton expérience » – mais une mère hystérique qui partait en live à chaque : « T’es d’accord que je dorme chez mes potes, il n’y aura que des garçons ? » Ou : « T’es d’accord que je parte à l’autre bout de la France avec un inconnu pour un festival de dub super cool ? » Des anecdotes, je vous en raconterai plein. Peut-être que vous vous sentirez moins seuls. Dans tous les cas, on se serre les coudes, parce que si les ados ont besoin d’une chose, c’est qu’on soit solide !

Cette chronique est la première d’Elisabeth Martineau, dédiée à l’adolescence. D’autres à venir. Chez Elisabeth, l’aventure continue !


Cet article fait partie du numéro 201 (→ Acheter)
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