Le soir est là, tu vas partir mais tu n’es pas seule. Cet après-midi, ils étaient dix, peut-être onze. Des amis à toi, venus spécialement. Oui, spécialement pour toi, parce que ça compte, les années, les liens qu’on a créés, patiemment. Au primaire, au collège-lycée, et à présent, oui, pour tes vingt ans, forcément, les copains du BTS. Alors, au sortir du confinement, oui le 11 mai, il a fallu jouer serré : retrouver les contacts, s’appuyer sur ta meilleure amie et annoncer à chacun, qu’à la maison, perchée sur son balcon, il y aurait de la bière et des roses, des tapis molletonnés, une bûche au chocolat et des bougies. Et puis finaliser le plan : te faire croire à un goûter familial, te faire quitter ta chambre d’étudiante. Ta maman, venue exprès pour l’occasion. Se cacher dans la pièce d’à côté, en jaillir par grappes, tout sourire : surprise !

Ton visage qui se baisse, tes cheveux qui le cachent, tes larmes, discrètes. Tes lèvres pincées, tes mercis par poignées. Tour à tour, on t’a apporté des paquets mal fichus mais certains vraiment jolis. Toi, assise au milieu de nous, sans savoir que dire, que faire, répétant beaucoup : merci.

Ensuite, il a fallu briser la glace : moi qui m’agite, ton frère qui lance la musique, genre flamenco. On partage les gâteaux, on décapsule à tout va, certains ont même ramené des bonbons. On se déplace. On se regroupe. Des souvenirs se racontent. J’écoute par-ci, par-là, les anecdotes des anniversaires passés : la chasse aux trésors (8 ans), la tablée frites-poulet (12 ans), le bowling surprise, oui, je sais (15 ans). C’est une chose simple à dire : nous avons placé sur ton chemin, durant toutes ces années, toute une série de petits cailloux blancs. Le soir est là, tu vas partir et je sais que tu n’es pas seule.

 


Cet article fait partie du numéro 197 (→ Acheter)
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