Sur la boîte de mon jeu de société d’enfant, il y avait une photo de la famille « parfaite » : une mère attentionnée, un père dynamique, un fils concentré et une petite fille espiègle. Tous reluisants de propreté, respirant l’harmonie, et rieurs aussi. Enfant, je m’imaginais que ce jeu donnait forcément du bonheur et qu’il rendait les dents blanches ! J’étais toujours un peu déçue que nos parties en famille ne soient pas aussi formidables que celle de la photo. Aujourd’hui, si j’avais à choisir la photo d’une boîte de jeu, j’en prendrais une où les enfants ont des moustaches de lait et viennent de renverser un verre sur le plateau, où il y a du bazar sur le tapis et où on cherche la pièce manquante sous le canapé, où ça rit fort et ça s’obstine aussi. J’ai appris qu’on n’a pas toujours besoin d’une boîte pour jouer. Jouer, c’est aussi faire des roulades dans le grand lit, des jeux de mots dans la voiture ou dans la salle d’attente du médecin, compter les carreaux, trouver quelque chose de violet… C’est jouer avec ce qui nous entoure, avec des règles simples et sans sourires forcés.

Cet article fait partie du numéro 185 (→ Acheter)
abonnez-vous au magazine imprimé !