Des vacances d’été de mon enfance et de mon adolescence, j’ai tout au plus deux albums photos. Certaines années sont à peine photographiées, d’autres résumées en deux ou trois clichés. L’album s’étoffe un peu à compter du moment où je reçois en cadeau d’anniversaire un appareil photo. Mais les pellicules sont chères et le développement encore plus ! On hésite : 24 poses ou 36 pour les trois semaines à la montagne ?

Aujourd’hui, il n’est pas rare que nous revenions de vacances avec plusieurs centaines de photos dans l’appareil. Sans compter celles, parfois plus nombreuses, prises avec le téléphone. Cette marée nous submerge, nous perdons pied. Les plus organisés font refluer les vagues dès leur retour, par un classement et un tri drastiques, qui font vaguement descendre le chiffre. Mais rares sont ceux qui s’efforcent de commander des tirages ou d’en faire un album. Quant à savoir où sont passées les photos de l’été 2007… je vous laisse réfléchir : au mieux stockées dans un disque dur (mais où est-il rangé ?), au pire disparues dans le crash d’un ordinateur qui n’a jamais redémarré. Même le diaporama-souvenir, dont la réalisation nous avait pris plusieurs soirées, n’est plus localisable.

La profusion actuelle est paradoxale : alors que le moindre événement de la vie de nos enfants est photographié, voire « partagé », aucun n’est véritablement « immortalisé ». La dématérialisation a vraiment des limites. Allez, promis, à la fin de l’été, on sauvera de la noyade quelques images de l’enfance de nos enfants. Une dizaine suffira.