Ma fille de 16 ans m’a appelée du lycée l’autre jour: « Maman, il y a une manif pour défendre les droits du travail, est-ce que je peux y aller ? »

Je ne connaissais pas les tendances militantes de ma fille ni ses préoccupations à ce sujet. Dans ce même lycée, un jeune homme d’origine rwandaise dont la mère et la sœur ont été tuées pendant le génocide de 1994 et le père déclaré disparu, risque l’expulsion. Le tribunal administratif prétexte entre autre que son bulletin de notes de terminale scientifique n’est pas suffisamment bon. Cette fois, ce n’est pas seulement la fille qui a manifesté dans la rue, mais la mère avec elle, unies dans une indignation commune.

Nous élevons tous nos enfants au sein d’une société. Et celle-ci prend parfois des orientations qui vont à l’encontre de certaines valeurs que nous nous efforçons de transmettre à nos enfants. Comme vous pourrez le lire dans notre dossier, nous ne maîtrisons pas tout ce que nous léguons à nos enfants. Mais affûter leur regard critique, agir, nous engager, c’est aussi leur montrer que cette société qui nous échappe parfois, c’est pourtant bien à nous de la construire. Ma fille en a pris conscience avec vigueur :

« Si personne n’y va, on ne va rien faire avancer! »