La journée dense et le repas du soir en apothéose. Ils sont deux et moi, seul. Ça fuse de partout. Emma, 16 ans, a passé son deuxième jour de vacances, neuf heures durant, en formation de sapeur-pompier volontaire : théorie, gestes d’urgences, mise en pratique. Elle raconte ses doutes, ses peurs, ses difficultés face à l’autorité. Elle fait preuve d’une belle détermination. Trois jours encore à suivre. Elle se tient debout. Martin, 14 ans, me raconte, avec un effet stéréo surprenant, sans se soucier du récit de sa sœur, les pulls qu’il pense s’acheter par correspondance, ne m’épargnant aucun détail, formes, couleurs et marques, me montrant fièrement l’anneau qu’il vient de se mettre au nez. L’attitude de mon fils me paraît tristement superficielle. Contrarié, j’ai bien envie de l’envoyer balader. Bien envie de penser que les valeurs que je défends ne seraient pas à l’œuvre chez lui. Mais est-ce si simple ? Des questions émergent. De quoi ses choix sont-ils véritablement le nom ? Comment contribuer à son épanouissement sans juger les priorités qui sont les siennes ? Comment accueillir son besoin d’être « beau, élégant, différent… » ? Riche de toutes ces questions, désencombré de mes propres suffisances, je lui souris, radieux et fier qu’il soit ce qu’il est. Oui, comme père, j’avance à pas lents, parfois je trébuche, piétine, mais parfois je lève la tête, ouf, juste à temps.

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