J’ai une amie qui a trois enfants en santé. Ils font du sport en club, ils ont des amis, son mari travaille six jours par semaine, la famille vient de déménager dans un appartement lumineux juste à côté de l’école. Ils ont tout pour être heureux mais ils sont toujours tristes et tendus. Ils rêvent d’un truc bizarre… Ils rêvent d’un bout de papier. Ça paraît ridicule, non ? Ah oui ! Mes amis viennent du Kosovo. Il y a 8 ans, ils ont tout mis dans un sac et ils ont marché jour et nuit. Ils ont porté les enfants, se sont cachés dans un coffre de voiture, ont traversé des frontières, dormi dans la rue, dans une caravane et n’ont pas toujours eu de quoi manger à leur faim. Mais ça, ils arrivent à le dissimuler dans un coin de leur tête. Mon amie, comme la plupart des parents, a tout fait pour assurer un avenir à ses enfants. Ils touchent du bout du doigt leur rêve, mais c’est l’angoisse qui prend toute la place – à cause d’un bout de papier.

 

Retrouvez les chroniques d’Erika Leclerc-Marceau dans chaque numéro de L’Enfant et la vie.


Cet article fait partie du numéro 189 (→ Acheter)
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