« Elle était une douce et belle force, nous écrivait Isabelle, je me souviens de son soutien lorsque j’étais jeune maman. » « Elle m’a ouvert un monde entier sur l’éducation non violente et les capacités de l’enfant si on l’accompagne vers l’autonomie… », nous confiait Françoise. Vous étiez très nombreux à réagir sur les réseaux sociaux et par mail suite à l’annonce du décès de Jeannette Toulemonde, la fondatrice du magazine, le 30 avril dernier, à l’âge de 92 ans. Ouverture, bienveillance, respect, chaleur… voilà le souvenir que vous laisse celle qui a radicalement changé sa façon d’élever ses sept enfants lorsqu’elle a découvert le travail de Maria Montessori. Au point qu’elle a voulu à tout prix partager cette révélation avec le plus grand nombre de parents et s’est lancée dans l’édition d’une feuille d’information ronéotypée, devenue peu à peu le trimestriel que vous avez dans les mains.

C’est le mot « vrai » qui me vient à l’esprit lorsque je lis les anciens numéros du magazine, aux couvertures bleues. Apprenant ma grossesse, en 1998, une amie m’avait offert sa collection, devinant les questions qui se bousculaient dans ma tête – sur l’accouchement, l’allaitement, les besoins du petit enfant – et devançant celles qui viendraient ensuite – sur les pleurs du bébé, son sommeil…

À travers ses écrits, Jeannette est alors devenue pour moi, comme pour tant d’autres, une amie. Elle comprenait mes préoccupations et me rassurait, en fondant ses réponses sur des faits ou des avis dont les sources étaient rigoureusement citées. Elle ne cherchait ni à me convaincre, ni à me vendre une recette. Elle disait vrai.

En 2008, j’ai pu conjuguer ma passion pour ces sujets et mon métier de journaliste : à mon tour, j’ai commencé à écrire dans L’Enfant et la vie. Entre temps, en 2000, Odile Anot avait pris le relais de Jeannette. Guidée par elle et, à travers elle, par Jeannette, je me suis mise moi aussi à informer les parents, à leur transmettre des connaissances précieuses et inédites sur l’enfant, en gardant à l’esprit la singularité de chaque enfant et de chaque parent, et leur part de mystère.

2015 : Odile Anot me passe le flambeau. Pour le tenir avec plus de fermeté et de confiance, je me tourne vers Anne Bideault, ancienne lectrice elle aussi, et journaliste spécialisée en éducation. Toutes deux, nous prenons la mesure de notre tâche : être fidèles à un héritage précieux, tout en nous adressant aux parents, grands-parents et professionnels d’aujourd’hui. Récemment, lors d’une journée de formation, l’intervenante s’attarde sur notre site pour le commenter au groupe, sans connaître le magazine. Elle parcourt quelques articles en ligne. Ses mots n’auraient pu être plus gratifiants : « Vous transmettez du vrai. »

 

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