Lorsque nous présentons notre magazine et notre travail, sur des salons, lors de rencontres, de tables rondes, de conférences, il n’est pas rare que l’on nous demande des conseils. Des conseils éducatifs. Certains nous confient leurs difficultés de parents, leurs questionnements, d’autres sont très précis : « Si je range la chambre de mon fils de 4 ans, cela ne risque-t-il pas de le troubler ? » Nous prenons ces demandes pour une marque de confiance, mais… qui sommes-nous pour donner des conseils ? Notre rôle, nous l’envisageons autrement : notre métier nous donne accès à des lectures, nous permet de rencontrer des professionnels, des chercheurs, des porteurs d’initiatives. Les faire connaître à nos lecteurs, les amener, comme nous, à s’interroger, à s’informer davantage, à se remettre en question, voilà ce qui nous motive.
Ainsi, nous avons bien entendu vos demandes de décryptage sur les pédagogies dites alternatives. « A ma place, vous inscririez votre enfant chez Steiner ou chez Montessori ? »… non, notre dossier ne répond pas à cette question ! Il s’efforce de replacer dans leurs contextes l’émergence de ces pédagogies, il y a un siècle, et leur regain actuel. Des fiches en synthétisent les objectifs et les méthodes, et définissent les termes les plus fréquents. Un panorama pour étayer votre réflexion. Même si nous avons allongé ce dossier d’une double page, il nous a fallu choisir. Et omettre de nous pencher sur le travail de pédagogues qui nous sont pourtant chers : Ovide Decroly, Friedrich Fröbel, Loris Malaguzzi… Ce n’est que partie remise !
Dernière chose : plus nous avançons dans ce métier, plus nous cherchons à « comprendre l’enfant pour mieux l’accompagner », moins nous nous sentons légitimes pour dispenser des conseils. Plus nous accompagnons nos propres enfants, du mieux que nous pouvons, plus nous sommes humbles. Car le parcours et le caractère de chaque enfant nous échappe et nous surprend bien plus que nous le façonnons. Ce qui compte, finalement, c’est l’attitude : être un parent qui observe, s’émerveille, n’oublie pas de faire respecter ses propres limites, se fait un minimum confiance, cherche, discute, accepte les imperfections et se pose des questions. Une éducation façon tâtonnement expérimental.