Emma, ma fille, vient d’avoir 17 ans. Au lycée, elle peine parfois à saisir, synthétiser, restituer avec ce qu’il faut de fougue et de laisser-aller. Mais Emma a le goût de l’effort. Emma est bûcheuse, attentive et volontaire. Pompier volontaire, d’ailleurs. Elle s’y colle, au travail. Elle besogne, elle cogne, ça, c’est sûr, et des dimanches durant, entre deux Indiana Jones, elle s’active devant son bureau. Car elle a bien compris, je le découvre avec elle, le sens du mot « terminale ». Terminus, tout le monde descend. Pour aller où ? Vers quelle jungle, quel océan ? Vers quel confort ou quelle galère ? Que souhaite-t-elle, au fond ? Continuer le sacrifice ou ouvrir des horizons, prendre le large ou jouer la carte du convenu, de la sécurité, du rassurant ? Jusqu’à ses 10 ans, elle se rêvait « mécanicienne pour bateau » puis, tout au long du collège, « pédiatre urgentiste ». Depuis la rentrée, elle parle de devenir « entraîneuse sportive » ou « professeure de sport ». La semaine dernière, ne sachant plus, ou sachant bien davantage, elle me glisse « guide de haute montagne ». Plus tard dans la soirée, elle vient me voir : « Quand même, en vrai, bergère, ce serait bien. » L’année n’est pas finie. On n’est pas au bout, au bout de son chemin d’orientation. En avril, elle devra indiquer sur une feuille officielle ses choix, ses souhaits. Tout va bien, elle a droit à 22 vœux. Le mien, un seul : qu’elle continue à chercher longtemps, à chercher dans tous les interstices de son cœur ce qui l’inspire et la porte, plus haut encore.
Aller où ?
