Ah, les jeunes n’ont plus le goût de l’effort, ils n’aiment pas travailler… Vraiment ? Leur donne-t-on suffisamment la possibilité de créer des choses, de travailler de leurs mains ? Leur transmet-on suffisamment nos savoir-faire, même familiaux… ? Les enfants aiment apprendre, ils aiment faire et voir le fruit de leur travail.

Un samedi matin à L’Hermenault, en Vendée. Quatorze enfants de 9 à 14 ans rejoignent des gens de métier retraités dans un hangar aménagé en ateliers, pour découvrir des métiers manuels. Nelly Guilloteau et son mari Claude, président de l’association « L’Outil en main » du secteur, affiche un planning sur le mur. Aujourd’hui, Jeanne fera de la métallerie, Mathis, de l’électricité, Louis de la couture… L’atelier durera deux heures pour que chaque enfant réalise une œuvre dans l’un des onze métiers proposés. Les enfants changent d’atelier tout au long de l’année, expérimentant ainsi plusieurs métiers. Le président de l’association explique :

« Il ne s’agit pas de former les jeunes, mais de les initier à des métiers qui exigent la précision du geste et l’amour du travail bien fait »

Nelly a toujours donné des cours de dentelle aux fuseaux et lorsqu’elle a quitté l’Auvergne pour revenir dans son pays natal, à sa retraite, elle avait envie de transmettre sa passion aux enfants. Sur les 160 associations de « L’Outil en main » en France, il n’y a qu’ici qu’on propose ce métier, qui a connu un renouveau de popularité dans les années 1990.
Les anciens se font appeler par leur prénom et demandent aux enfants de les tutoyer. Ils ressentent la fierté d’un grand-parent quand l’enfant a fini de tailler dans la pierre son cœur vendéen (tradition oblige) ou sa mosaïque…

« Les enfants utilisent de vrais outils et apprennent des techniques ancestrales plutôt réservées au monde des adultes. Ce savoir-faire leur donne confiance en eux et améliore parfois leurs résultats scolaires. »

Parmi les anciens jeunes de l’atelier, certains ont trouvé ici une activité déterminante pour leur avenir. Ainsi, Élisabeth, malentendante et jadis renfermée sur elle, a découvert l’ébénisterie quand elle avait 12 ans et a comme projet de rejoindre les Compagnons du Tour de France. Lorsque Marion, lycéenne, a annoncé à ses parents qu’elle voulait faire de l’horticulture, elle a expliqué sa motivation par l’expérience vécue à « L’Outil en main ». Une belle initiative qui fêtera bientôt ses trente ans. On ne peut qu’espérer qu’un maximum d’enfants y ait accès !

Les métiers manuels sont pratiquement absents du parcours scolaire général. Pourtant, ils constituent de vrais leviers d’apprentissage et de confiance en soi pour les enfants. A la maison aussi, on oublie trop souvent de proposer à l’enfant, même petit, de faire des choses de ses mains. Des choses « de grand ». Éplucher une pomme de terre, verser de l’eau dans des verres en verre et non en plastique, utiliser les vrais ustensiles de cuisine ou une vraie perceuse au lieu de jouets en plastique pour « faire semblant »… Maria Montessori défendait ardemment que l’enfant fasse les choses « en vrai » et soit pris au sérieux, pour grandir.
Nous avons consacré notre chronique radio hebdomadaire à l’initiation des enfants aux métiers d’art et d’artisanat. Écoutez-la ici.


Cet article fait partie du numéro 185 (→ Acheter)
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