Changer de vie… Qui n’a pas joué avec cette idée ? Quelle famille n’arrive pas sur son lieu de vacances en se disant : « Et si on s’installait ici pour toujours ? » Quel adulte ne se demande pas, au cours de la parenthèse estivale, s’il ne ferait pas mieux de tout plaquer pour devenir menuisier, comédien ou jardinier ? La plupart renoncent. D’autres se lancent en famille. Non sans se poser des questions.

A en croire un récent sondage, plus de 70% des Français auraient envie de changer de vie.
Avec toutes les précautions que requiert l’analyse de statistiques basées sur des déclarations, que déduire d’un tel chiffre ? Que ces Français mènent une vie qu’ils n’ont pas choisie ? Nous sommes nombreux, n’est-ce pas, à nous être engagés dans un chemin « tout tracé ». Tout tracé par les habitudes, par le poids de la société et celui du milieu dans lequel on a grandi… Ce chemin, nous l’avons emprunté bon gré mal gré, tantôt convaincus, tantôt sans vraiment y réfléchir, optant pour un cursus de formation, postulant pour tel emploi… mais ces décisions passées, à en croire ces chiffres, ne reflètent pas ou plus forcément nos aspirations actuelles. Corroborant l’idée de la « crise de la quarantaine », les 35-49 ans sont les plus nombreux à manifester le souhait de « changer de vie » et constituent le gros de la clientèle des ouvrages de « développement personnel ».

Mais qu’il est difficile de renoncer à ce que l’on a construit, à un rythme familier et une organisation bien rodée ! Car choisir de changer de voie, de vie, c’est bien sûr renoncer et prendre un risque. La responsabilité de l’adulte qui prend l’initiative d’un tel changement est plus grande encore lorsqu’il a des enfants et les entraîne donc dans son choix : les avantages vont-ils être supérieurs aux inconvénients ? Beaucoup le disent : « Nos enfants nous reprocheront-ils notre décision, en grandissant ? »

On les sent bien tiraillés, ces parents ! Dans leurs réponses à l’institut de sondage, ils considèrent tout à la fois « qu’offrir une vie différente à leur conjoint ou à leurs enfants est une bonne raison de changer de vie » mais que ce sont « les obligations familiales et parentales » qui les freinent dans ce désir de changement.

Ceux qui ont franchi le pas le regrettent rarement et se réservent le plus souvent la possibilité d’autres virages. Une lectrice belge ayant décidé, en accord avec son mari, de renoncer à son salaire, nous écrivait récemment :

« Plus le temps passait, plus les schémas conventionnels de la société se détricotaient et les sacro-saints d’antan prenaient une place plus discrète, voire effacée, sur l’étagère de la vie, laissant à nouveau de la place pour des choses plus essentielles, plus fondamentales. »

Nous avons rencontré des parents qui ont fait des choix inhabituels, hors normes, pour se mettre au diapason de leurs convictions ou de leurs aspirations les plus profondes. Assurément, il n’est pas aisé de nager à contre-courant, et ces chemins détournés ne séduisent qu’une minorité d’entre nous. Mais se remettre en question et revisiter ses choix, à défaut d’être confortable, est toujours enrichissant. Puissent ces témoignages être inspirants ou tout au moins alimenter les conversations d’une belle soirée d’été.

Sondage mentionné : OpinionWay 2015
Photo : ©Denis Jeant pour L’Enfant et la vie.

 

EDIT : Le dossier « CHANGER DE VIE EN FAMILLE » est compris dans le Pack été, actuellement en promotion.