Le Blog

L’Enfant et la vie tourne la page

Malgré tous nos efforts et le soutien de nos lecteurs fidèles, malgré la qualité de notre trimestriel et l’attachement de nos lecteurs au titre, le nombre d’abonnés à L’Enfant et la vie a trop diminué pour financer la parution des numéros futurs. La pandémie a porté un coup fatal à notre économie déjà fragile : lieux de ventes fermés, magazines interdits dans les salles d’attente, salons et événements annulés. Sans doute, aussi, le lectorat s’attend-il à la gratuité de l’information, et les jeunes parents s’informent-ils différemment aujourd’hui.
Les chiffres – et notre épuisement – ont parlé : même si ça nous désole et nous attriste, nous devons arrêter la publication. Le n°203 était donc le dernier.
Merci à vous qui avez cru en nous. Merci pour vos abonnements fidèles, pour vos abonnements offerts, pour vos mots d’encouragement.
Nous espérons que L’Enfant et la vie a pu vous aider à mieux comprendre votre enfant et qu’il vous a apporté du soutien, du réconfort, de la joie aussi. Pour l’équipe, c’est une belle et passionnante aventure qui s’arrête. Un lecteur nous disait l’autre jour : “J’ai grandi avec L’Enfant et la vie”. Sentiment partagé, nous avons tous grandi grâce à notre curiosité pour l’enfant, et parce que l’adulte que nous sommes s’est laissé interroger par lui.
Si L’Enfant et la vie vient d’écrire son dernier chapitre, la vie et les enfants, eux, n’ont pas écrit leurs dernières pages : ils esquissent, tracent, dessinent, construisent notre monde de demain. Et ont besoin de la confiance et du soutien de tous les adultes que nous sommes.

Gardons le cap !

Financement participatif : aidez-nous à passer un cap !

L’Enfant et la vie a besoin de développer ses moyens de communication pour toucher un plus grand public.

Pour cela, nous avons lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule, connue pour son engagement pour les projets originaux, créatifs, solidaires et innovants  !

Découvrez notre projet et nos contreparties en cliquant ici.

Dès 20 € de participation, vous recevrez notre numéro spécial 200 !

Un immense merci !

 

Voici un petit aperçu…

Un cadeau bien choisi, c’est quoi ?

Enfant préparant un cadeauL’image est saisissante et elle a imprimé beaucoup de rétines d’adultes certains matins de Noël : une montagne de paquets ouverts et un enfant au milieu, les yeux dans le vague ou jouant avec le papier d’emballage, voire tournant les talons… Entre la satiété et le surdosage, la frontière est parfois ténue. Et la question se pose alors, toute crue : qu’est-ce qu’un « bon » cadeau pour un enfant, qui remplisse son office premier (lui faire plaisir), tout en nourrissant sa créativité, son imaginaire, son agilité, son intelligence, sa curiosité, le tout en cohérence avec ce que sont les valeurs de sa famille ?

Notre article « Les cadeaux, c’est pas du gâteau ! », paru dans le n°191, est disponible gratuitement en PDF. Téléchargez-le ici !

En manque d’inspiration pour gâter les parents, jeunes parents, futurs parents, professionnels de l’enfance ou de l’éducation ? Pensez à votre magazine préféré !

Benni – un film à voir !

Le film Benni est en salles depuis le 22 juin. Nous l’avions présenté dans nos pages juste avant sa date initiale de sortie nationale. Voici nos impressions :

Benni a neuf ans et va de foyer en foyer depuis la maternelle. C’est l’enfant sauvageonne dont personne ne sait quoi faire, même les éducateurs les plus volontaires, même et surtout, sa propre mère, qui aime sa fille mais en a peur. Est-ce cette ambivalence qui provoque les colères de Benni, dont la violence excessive lui vaut des séjours à l’hôpital et le début d’un traitement médicamenteux ? On le suppose, sans pour autant juger la mère, ni les éducateurs, qui font de leur mieux vis-à-vis d’une enfant qui leur crache tous les jours au visage. Comme eux, on s’attache à Benni, on vibre de ses joies et on s’écroule à chacune de ses déceptions. On la croit folle ou bien en voie de guérison. On remercie la réalisatrice qui nous plonge avec poésie et esthétisme dans une histoire complexe et désespérément quotidienne, et on salue les acteurs pour leur jeu parfaitement juste. Les éducateurs y trouveront matière à réflexion sur leur métier auprès des jeunes en manque d’amour et tous seront davantage sensibilisés à la complexité de l’être humain. Vu par plus de 600 000 personnes en Allemagne et lauréat du Meilleur premier film au Festival de Berlin 2019, on peut souhaiter à Benni autant de succès en France, et de nombreux débats.  

De Nora FingscheidtAllemagne, 2019. 

Voir la bande-annonce

 

« Mamie, je t’envoie un e-mail moi aussi ! »

« J’aimerais bien écrire à Mamie ! Je peux envoyer cette photo à Tonton ? » Confinés à la maison, avec un bureau de poste parfois fermé, l’heure n’est plus à la carte postale… Voilà nos petits écoliers très attirés par les e-mails qu’envoient les grands. Pour les plus jeunes, qui apprennent à s’exprimer par écrit, ça peut être un exercice intéressant. Sauf que… on ne va pas leur ouvrir un compte habituel, et les exposer aux spams, aux pubs, et autres risques numériques !

La plateforme Junior Mailo permet la création d’une adresse de courrier électronique personnelle, rattachée à celle d’un adulte, qui pourra valider les correspondants autorisés à recevoir ou à adresser des messages à l’enfant. L’interface est simplifiée, sécurisée et très graphique pour les 6-9 ans. Elle a plus de fonctionnalités pour les plus grands. Un espace familial, appelé « le frigo » permet de se laisser des petits mots. Il y a aussi une déclinaison pour les écoles. Gratuit et pas bête.

Dans chaque numéro, retrouvez toutes les astuces que nous dénichons ! Abonnez-vous pour ne rien manquer !

 

 

Vers le haut – Une démarche citoyenne pour améliorer l’école 

Les États Généraux de l’Éducation (EGE) ont été lancés le 13 novembre dernier par VersLeHaut, le think tank dédié aux jeunes et à l’éducation, et 60 acteurs éducatifs de tous horizons. C’est l’occasion pour tous de s’exprimer sur des questions fondamentales, parmi lesquelles : Quelle éducation voulons-nous pour nos enfants de 0 à 6 ans ? N’y a-t-il qu’une seule façon de réussir à l’école ? Comment aider les parents à exercer leur rôle ? Les moyens de participer sont multiples, avec sept étapes prévues en régions. A chaque étape sont organisés des ateliers participatifs et une journée de coconstruction, des soirées publiques gratuites et ouvertes à tous, en présence de personnalités connues du monde de l’éducation. Une plateforme de participation est aussi disponible en ligne : www.etatsgeneraux-education.fr pour déposer ses idées et initiatives. Une charte de l’éducation et les propositions concrètes qui émaneront des EGE seront remises aux pouvoirs publics en 2021. 

L’Enfant et la vie est désormais partenaire de VersLeHaut. Inscrivez-vous à la soirée publique organisée à Lyon le jeudi 23 janvier. Nous y serons !

Notre site ne reprend qu’une infime partie de nos articles. Pour n’en manquer aucun, un seul réflexe : l’abonnement (24€/an, même pas cher !)

Et nous, de les regarder…

En réalité, chaque matin elle se demande : mon bébé est-il mort ? »

Alice et Vincent s’aiment. Alice et Vincent attendent un heureux événement… Mais tout se précipite. L’enfant naît avec deux mois d’avance, un bébé minuscule qui a « le cœur qui cabriole » avec un pronostic réservé.

Voilà pour le décor. C’est d’abord celui de l’hôpital, de l’attente suspendue aux lèvres des soignants, de la peur lancinante qui terrasse Alice, de la sensation d’être coupés du reste du monde, en état d’exception, comme si la vie se poursuivait sans elle, sur l’autre rive.

De cette autre rive, je regarde ces gens normaux, silhouettes de papier dont je ne sais rien et qui ont l’air d’avoir une vie parfaite, sans histoires, sans heurts, sans douleurs, une vie témoin comme il y a des maisons témoins. Sûr qu’ils ne voudraient pas être dans ma peau. Moi non plus d’ailleurs. »

D’emblée, Elsa Flageul nous invite à confronter les points de vue d’Alice qui, pour se maintenir à flot, écrit son journal des évènements, et de Vincent, son compagnon. Ainsi alternent des chapitres à la première personne, empreints de subjectivité, et des chapitres à la troisième qui tentent de donner un point de vue plus neutre ou plus objectif de la même situation. Si le procédé peut sembler parfois maladroit, qui nous oblige à lire deux fois les mêmes événements, il a l’avantage de nous permettre de cheminer en suivant la logique de cette mère, depuis son accouchement jusqu’aux deux ans du bébé. Et d’entrevoir comment le fantasme, toujours, imprime sa marque sur les évènements.

J’ai été particulièrement intéressée par la dernière partie du livre qui débute lorsque l’enfant quitte enfin l’hôpital. Ce qu’ils n’osaient attendre est enfin arrivé, les voilà tous trois réunis. Mais, assez logiquement, la sortie de néonatologie semble vécue comme un désarrimage pour cette mère que l’institution hospitalière avait protégée jusqu’alors, du face-à-face avec l’enfant. Si Vincent peut s’étayer sur son travail, Alice rumine son ressentiment en accomplissant, sans goût, des tâches infinies.

J’ai trouvé très juste la question de la rancune jamais purgée qu’Alice nourrit secrètement à l’égard de Vincent.

Ce qu’elle pensait avoir oublié lui revient en pleine face, empoisonné par cet oubli qu’elle n’a pas su se faire. Et Vincent qui ne voit pas. Bien sûr elle fait tout pour masquer. Mais elle lui en veut d’être dupe. »

La jeune femme, qui montre à maintes reprises qu’elle ne croit pas aux effets de la parole, s’enferme dans le silence et une position sacrificielle aussi vaine que destructrice. Le mécanisme de cet enfermement est ici discrètement exposé et, pour cette troisième partie qui est loin de ne concerner que les parents d’enfants prématurés, je recommande la lecture de ce livre à tous les jeunes parents qui se soucient de leur couple soumis aux effets parfois délétères de la naissance.

 

 

 

Ligne de partage

J’ignorais que le bonheur pouvait être aussi violent. Qu’il pouvait cogner aussi fort. Qu’il pouvait faire aussi mal. Je n’étais pas préparée. »

Sophie Adriansen a du métier. Alors quand elle s’attaque à la question de la maternité, elle n’a pas peur de livrer un ouvrage atypique, qui mêle récit romanesque, réflexions personnelles, témoignages et citations littéraires. Le tout saupoudré de vignettes informatives qui témoignent d’un important travail de documentation. Si cette forme peut, au début, se révéler déconcertante, le lecteur se laisse vite entraîner dans l’aventure que traverse la narratrice.

Stéphanie, la trentaine qui doute de tout, fait la connaissance de Luc, un chic type, indéniablement. Leur relation évolue peu à peu, entre prudence et emballement. Malgré sa propension à se faire des nœuds dans la tête, Stéphanie se laisse conduire par son désir d’enfant. Un obstacle, pourtant, devrait la retenir, et de taille : son angoisse d’accoucher. Une vraie angoisse bien solide qu’elle tente de traiter en se représentant l’accouchement de toutes les manières possibles. Las ! La chose est bien enracinée. Et ce n’est pas sa délicieuse mère qui va l’aider à s’en dépêtrer…
Lorsqu’une grossesse s’annonce, c’est tout naturellement qu’elle s’interroge sur la manière d’échapper à l’accouchement.

Une césarienne de confort. Voilà ce qu’il me faudra. […] On endormira un peu de mon corps, on ouvrira, on prendra le bébé que j’aurai porté, on refermera puis le temps fera son œuvre. Je ne me rendrai compte de rien. Et mon sexe sera intact. […] Et la question de la peur d’accoucher définitivement réglée. »

Quelqu’un pour lui faire une « césarienne de confort » ? N’ayant que peu d’informations sur la chose, elle n’envisage pas ce que ces deux termes ont d’antinomique.

L’on suit donc cette héroïne moderne dans ses pérégrinations obstétricales et si cette grossesse est heureuse, elle n’en demeure pas moins inquiétante.

Sophie Adriansen réussit un joli roman sur la grossesse et sur les peurs ancestrales de l’accouchement. Si, autrefois, le risque élevé de périr en couche confrontait la parturiente au réel de la mort, l’accouchement par voie basse, aujourd’hui et sous nos latitudes, convoque plutôt l’imaginaire avec son idéalisation grandissante d’une naissance naturelle et sans péridurale.

[…] l’accouchement par voie basse aurait été le moyen d’enfin sentir que je suis mammifère. Et d’enfin savoir si je suis courageuse ou pas. […] Mais si l’accouchement est un rite de passage, alors je ne suis pas vraiment une mère, pas vraiment une femme. »

De nos jours, l’angoisse de mourir se mue en angoisse de ne pas être capable d’affronter l’épreuve de l’enfantement, et la souffrance prend valeur de rite initiatique qui, seul, pourrait garantir qu’on devient mère. L’énoncer suffit parfois à faire déconsister les fantasmes et exigences surmoïques qui se logent à cet endroit. À cet égard, on notera que les femmes et les mères, si promptes à se j(a)uger, n’ont nul besoin d’ennemi…

Linea nigra figure la ligne de partage imaginaire qui traverse la grossesse et oriente chaque femme dans ses choix. Les questions que souligne l’autrice ne sont pas sans rappeler celles que les femmes viennent traiter dans le cabinet de l’analyste quant à la féminité et au devenir mère.

Dans son cheminement, Stéphanie rencontre des soignants et des praticiens de toutes sortes. On ne peut qu’être frappé par leur difficulté à entendre les questions qui dérangent sans y plaquer des réponses toutes faites. J’ai noté celle-ci, qui relève, à mon sens, de la violence de l’interprétation quand une sage-femme déclare à la narratrice :

Je ne sais pas s’il y a vraiment des bébés qui ne veulent pas sortir. En revanche, il y a des mères qui changent d’avis, et qui n’ont plus envie que leur bébé vienne. »

Cela fait, pour moi, écho à tant de petites phrases terrifiantes et/ou maladroites rapportées par mes patientes, secrètement blessées par des paroles inconsidérément prononcées dans ces moments d’immense fragilité où chaque mot devrait être soigneusement pesé. L’art de parler à bon escient manque à être enseigné…

« Existe-t-il des endroits où déposer ce récit pour s’en défaire une fois pour toutes (adresses, s’il vous plaît) ? » demande Stéphanie en plein désarroi. Mmm… j’ai bien une petite idée…

 

 

Des bouquins sous l’divan : nouvelle rubrique !

Nous avons autour de nous une poignée de professionnels vers lesquels nous nous tournons quand nous avons des doutes, des questions. Françoise Guérin en fait partie. Nous lui demandons régulièrement conseil et elle nous apporte son éclairage de psychologue. En 2018, à l’occasion de la parution de son roman, Maternité, nous avons publié un long entretien avec elle sur la difficulté maternelle. Aussi, quand elle nous a proposé une chronique récurrente, nous n’avons pas hésité. Grande lectrice, elle nous fera part d’une lecture qui l’a touchée dans chaque numéro, comme elle l’avait déjà fait ici et de façon épisodique (et même un détour par le cinéma). Des romans, des textes littéraires, avec comme fil rouge la maternité, la paternité, la relation entre parents et enfants, la famille… Elle a carte blanche. Bienvenue dans nos pages !

Pour fêter cette nouvelle collaboration, Françoise Guérin sera avec nous dans les studios de RCF dans le cadre de notre partenariat avec l’émission « A votre service ». Nous parlerons difficulté maternelle. C’est la semaine prochaine, mercredi 4 à 10h, en direct. Témoignez en direct en appelant au 04 72 38 20 23, ou adressez un courriel à l’équipe (avotreservice@rcf.fr). A mercredi !

Gagas devant un écran : alertez les bébés !

Regardez bien l’œil de ce mignon petit ourson… non, vous ne rêvez pas : c’est une caméra ! On avait déjà poussé un coup de gueule contre l’échographe domestique. L’association de professionnels de l’enfance Joue, pense, parle, nous alerte aujourd’hui sur le « Babeyes« , qui nous vend du rêve ! « Et si les bébés filmaient eux-mêmes les premières années de leur vie ? », hein ? Et si ? L’intérêt, d’après les concepteurs, c’est l’émotion. Eh oui, car on prend des milliers de photo du bébé, mais on n’a pas de trace du visage de Mamie quand elle l’a vu pour la première fois, on oublie de filmer Papa qui gagatise devant son enfant, ou le grand frère qui fait des grimaces.

Lisez plutôt les arguments commerciaux :

« Babeyes enregistre, analyse, classe et conserve pour toujours les premiers moments de vie d’un bébé (du point de vue du bébé).Ÿ Comment ma mère me regardait-elle ? Quelle fut l’émotion de mon père en me voyant pour la première fois ? Avec quelle tendresse mes grands-parents m’ont-ils   accueilli ? ŸTous ces moments, remplis d’amour, pourront être revisionnés plus tard par l’enfant devenu grand, comme s’il se remémorait la scène. »

Passons sur le développement de la vision de l’être humain, qui rend les termes « du point de vue du bébé » totalement inadéquats, passons aussi sur son développement cognitif, qui rend absurde l’idée de « se remémorer la scène ». Questionnons-nous seulement sur l’impact psychologique que constitue une telle masse d’images animées, risquant de couper court à toute construction symbolique. Interrogeons-nous sur la différence entre élaboration des souvenirs et remplissage d’une mémoire informative, sans tri, sans filtre – un « cloud » qui n’a rien d’un léger nuage. Questionnons-nous aussi sur la sincérité des proches, sous l’œil de la caméra : seront-ils authentiques ? Et que fera la machine si, un jour, Maman était en larmes, épuisée, en regardant son nouveau-né ? Si la sœur ainée, âgée de 2 ans et demi, cherche à mordre ce petit frère encombrant ? Détourne-t-elle le regard ?

N’envahissons pas nos bébés de ces pseudo souvenirs, inutiles et nocifs.

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