Comme le n°188 de L’Enfant et la vie doit être envoyé chez l’imprimeur dans une semaine cinq jours et que je m’ennuyais j’ai encore deux articles à écrire, je me suis dit : « Tiens, et si je lisais le rapport Giampino ? ». Ben oui, quoi, c’est un document incontournable pour quiconque s’intéresse à la petite enfance !
Intitulé « Développement du jeune enfant, modes d’accueil et formation des professionnels », il a été commandé par Laurence Rossignol, alors Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, à Sylviane Giampino, psychologue et psychanalyste. 116 personnes ont été invitées à participer aux travaux de cette mission, dont le rapport rendu en mai 2016 constitue la synthèse.
Bon, c’est vite lu, hein, tout juste 261 pages. Autant dire que je n’en suis qu’au premier quart, très exactement page 51. Et, à défaut de valoir un bon polar, c’est très intéressant. Ainsi, pages 51 et 52, le passage titré « Se déployer et apprendre : la vitalité découvreuse et ludique » mériterait d’être imprimé et affiché dans bien des lieux d’accueil du jeune enfant et distribué également aux parents. On y lit par exemple que « l’éthique du grandir de l’enfant, sa dynamique d’expansion, nécessite qu’il puisse évoluer et expérimenter sans que chacune de ses expériences bridée par des interdits ou par des personnes trop inquiètes ou trop rigides. »
Plus encore, j’ai apprécié le passage sur la stimulation et la tentation des adultes de faire brûler des étapes aux tout-petits, sur le mode : « Regardez ! Il connaît déjà les couleurs ! Elle distingue son prénom ! Il trace des ponts et des boucles !… »
Bien sûr, il est normal d’être fier des progrès de son enfant, tout comme il est difficile de lutter contre la pression de la performance que véhicule notre société. D’ailleurs, « un autre terme a suscité des réserves dans la mission, celui de « stimulation », très largement utilisé dans les écrits des modes d’accueil en lien avec la volonté de leur recentrage sur l’éducatif. » Il a été regretté, par exemple, que certaines crèches ressemblent aux écoles maternelles, et que les activités « assis à table » se développent et que les parents demandent les dessins des enfants le soir. « Une telle approche comporte un risque de prépondérance du cognitif sur l’affectif et le relationnel ; et quand bien même les stimulations cognitives accélèreraient certaines acquisitions formelles (couleurs, signes, mots), ceci rend-il l’enfant plus intelligent et épanoui à long terme ? »
Pour la suite de la fiche de lecture, il va falloir attendre un peu, parce que sinon, vous n’allez jamais recevoir le n°188. Une question : ça vous choque, l’image des poules ?