A la rédac, on est à fond sur l’actu. Les Assises de la maternelle ont eu lieu fin mars (bon, on n’était pas invitées), et… on a profité des ponts de mai pour s’y intéresser de près. Ma foi, on n’a pas été déçues*. Même par écran interposé et en différé, c’était intéressant**.Les Assises de la maternelle ont été commanditées par le gouvernement. Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik avait la charge d’organiser et de présider ces deux jours de colloque pour « clarifier le rôle de l’école maternelle dans le système éducatif » et « accroître sa contribution à l’épanouissement et à la réussite des jeunes Français. » Différents intervenants se sont succédés à la tribune. Boris Cyrulnik concluait, résumait, synthétisait. Nous retenons tout particulièrement une de ses paroles sur le temps. « Notre système scolaire, dénonce Boris Cyrulnik, encourage le sprint et élimine les coureurs de fond, ceux qui ont un rythme de développement plus lent. » Il évoque les pays du Nord de l’Europe, qui ont adopté une « stratégie éducative et affective » différente. Là-bas, décrit-il, « on les sécurise, on les ralentit. Ils apprennent à leurs rythmes, ils prennent confiance. » A l’âge de 15 ans, leur épanouissement humain est « admirable » et leurs performances scolaires sont aussi bonnes que celles des pays orientaux comme la Chine, la Corée ou le Japon, dont les systèmes éducatifs sont « une forme de maltraitance ». Ces derniers atteignent ces mêmes niveaux à un prix humain « insupportable » (angoisses, troubles, suicides). Il a insisté par ailleurs sur le fait « la qualité intellectuelle n’est pas une qualité cérébrale mais une qualité relationnelle. »
Bon, et sinon, il y a eu un bel effet d’annonce : instruction obligatoire dès 3 ans (et non plus 6). On attend les décrets d’application. Car un chiffre nous a frappées : alors qu’on compte un enseignant pour 22 enfants en maternelle française, la moyenne européenne est à 13… Donc c’est bien joli, d’affirmer que la maternelle joue un rôle essentiel dans le système éducatif français, mais il faudrait déjà lui donner suffisamment de moyens pour le faire. D’autant que les professionnels appellent aussi de leurs vœux une formation plus poussée : les 3 années de maternelle représentent plus d’un tiers de la scolarité primaire, mais sont consacrées dans les ESPé aux spécificités de l’enseignement à des enfants de 3 à 6 ans.